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Dimanche, 08 Août 2010 10:37

L’Affaire d’un soir

(sur une drôle d'idée de Ludovic Vernu)

"Le soleil allait bientôt se coucher, la canicule pesait sur ma ville. Pour fuir toute cette chaleur,  je ne rêvais que d’une  bonne seule chose : un bonne « toile » dans un ciné climatisé.

La chance devait être de mon côté car il ne restait qu’un seul billet pour la dernière séance.

A peine entré dans la fraîche salle obscure que mon portable sonna :

« Allo ?

- c’est moi, c’est le Petit Jean ! »

Petit Jean, c’était mon premier coéquipier, ça faisait longtemps que j’avais pas eu de ses nouvelles et j’ai tout de suite senti que s’il m’appelait c’était vraiment pas pour me parler du beau temps.

_ Salut Petit Jean, ça va ?

Après un long silence, il me glissa avant de raccrocher « Michael est de retour »

À ce bref coup de téléphone  aussi inquiétant qu’intrigant succéda un autre appel  qui ne laissait plus aucun doute : c’était mon patron, celui que tout le monde en ville surnommait« l’Auvergnat » :

« Que se passe-t-il patron ?

- Inspecteur, je crois que ce soit j’ai rendez-vous avec vous !

_ Comment ça patron, un rendez-vous ? Mais je suis pas de service ce soir

_ J’ai besoin de vous tout de suite, dépêchez-vous !!

_ Mais, où ça ?

_ Sur le pont d’Avignon !

_ Ok boss, j’arrive, je fais au plus vite, mais que se passe-t-il ?

le lion est mort ce soir ! »

Une fois de plus, ma soirée tombait à l’eau. J’aurai du m’en douter, ce soir-là la ville était calme, bien trop calme, c’était vraiment pas Comme d’habitude !

Quand j’y repense, j’avais peut-être pas choisi le bon film. Tant pi je ne verrai donc pas « qui a tué grand-maman » (le dernier Tarantino)

Je rejoignis le boss sur les lieux du crime où je pressentais une sale affaire…

Je ne fus pas vraiment déçu. En effet il y avait là le corps du vieil Antonio dit « le lion », roi de la pègre locale. Cela laissait présager d’une salle guerre des gangs en ville. Dans ce genre d’affaire, il n’y a qu’une seule question à ce poser « Et maintenant, par où on commence ? »

Je trouvais dans la poche du « vieux » la photo d’une fillette avec un prénom inscrit derrière « Charlotte ». C’était ma seule piste. Pour en savoir plus, il me fallait donc absolument retrouver cette petite charlotte.

Ma seule chance : aller voir mon «  indic. » Pour lui, aucun doute sur l’identité de la fillette : elle chantait dans un cabaret du centre-ville au nom vraiment pas de circonstance « la vie en rose .»

A peine entré dans le cabaret, j’aperçu une superbe jeune femme qui chantait près du piano. Mon indic’ ne s’était pas trompé. Elle ressemblait étrangement à  fillette de la photo… avec dix ans de plus. Avant de l’inviter prendre un verre, je l’ai écouté chanter. Sa voix était envoûtante. Sa dernière chanson me donna des frissons :« stand by me »

Le meurtre du vieux l’effondra, elle s’alluma une cigarette, m’en proposa une mais cela faisait une semaine que j’essayais d’arrêter. Ce n’était pas la première fois mais je ne voulais pas craquer et pour me couper l’envie je sortis de ma poche un mistral gagnant.

Elle m’expliqua que le vieux l’avait adoptée quand elle était gamine. Son père avait tué lors d’un hold-up raté.

Je me souvenais de cette affaire, ça datait d’une bonne dizaine d’année.

« Mais, ils n’étaient pas trois pour ce casse ? » lui demandais-je.

« Oui, il y avait le papa (du papa) de Michaël »

En entendant « Michael » je me rappelais du coup de fil du « petit jean ». le père de Michael avait tué lui aussi lors de ce hold-up et sans doute il était  revenu se venger du seul survivant de cette vieille histoire.

« Il cherchera à me retrouver » me disait-elle d’un air inquiet, « le vieux n’a pas voulu s’occuper de lui enfant ! ».

Il ne fallut pas attendre longtemps, un homme entra dans le bar, elle s’écria « Michaël ! » il tira dans la foule, dans tous les sens ça dansait la javanaise.

Planté devant Charlotte, Michael ne fit rien. Mes collègues arrivèrent et l’arrêtèrent. Il ne résista même pas. Elle n’y était pour rien dans cette affaire, pourquoi lui en vouloir ? Pourquoi l’attaquer ? Finalement ce n’était pas de sa faute à elle s’il n’avait pas été élevé ensemble.

L’affaire n’avait pas été longue à résoudre, je me demande même si j’avais besoin d’être là. Pourquoi me suis-je retrouvé avec Charlotte et Michael, tous les trois dans le panier à salade, genre « le loup, la biche et le chevalier ».

Mon esprit s’évadait, je repensai à mon film raté et me disais que pour avoir de vraies vacances, il me fallait partir loin, loin de tout, là où la nature est encore sauvage et je repensais aux vertes prairies de mon enfance, près des lacs du conemarra.

Une fois Michaël bouclé, je pris ma vieille caisse pour rejoindre les potes au bar. La radio passait du Nougaro qui nous a quitté lui aussi cette année. Ah ! Armstrong

Tant pis pour les vacances, de toute façon ce n’est pas trop mon style. Pour finir ces « affaires d’un soir », je suis plutôt du genre les copains d’abords à chanter tous en cœur. "