Septembre 1944 Imprimer
Lundi, 16 Août 2010 10:07

Septembre 1944, Trévoux est libre
Un article "Trévoux, ville résistante" donne une idée de l'état d'esprit des musicien de l'Harmonie durant la guerre.

"Pauvre couvre-feu, décidément mal accueilli dans notre Trévoux frondeur !!!
Il avait été édicté quelques jours avant, en un dimanche d'octobre où l'Harmonie Municipale fêtait la Ste Cécile. Malencontreuse coïncidence pour qui connait la verve de nos musiciens. Fâcheuse idée que d'instaurer pareille mesure un jour de Ste Cécile. Le gouvernants ont parfois de ces aberrations. Dès 10 heures, tout le monde devait être chez soi d'après l'affiche blanche préfectorale, mais à 10 heures, le banquet commençait à peine dans la petite salle de l'ancienne Mairie pleine à craquer.

A minuit, pas une âme dans les rues. A minuit, les couplet à boire défilaient sans trêve dans les bouches les plus inattendues, en des improvisations parfois téméraires.

A une heure, la sarabande était à son comble, les hautbois bousculaient les clarinettes, les saxos et les pistons se jetaient à corps perdus dans un jazz effréné qui ébranlait les vieilles murailles. Mais l'ancienne Mairie est discrète et le bruit ne perçait guerre au delà du logement du garde ! . . .

Deux heures : toute la ville est endormie, tout est calme sous le clair de Lune qui transforme les maisons en décors de théâtre. C'est le couvre-feu, le couvre-feu qu'on respecte et que des patrouilles peuvent au besoin se charger de faire respecter.

Soudain au fond de son sommeil, dans un rêve d'armistice, le Trévoltien moyen entend les accents lointains d'une marche guerrière. Le bruit se rapproche, il augmente, il éclate en tonnerre. Ce n'est pas un rêve. Les fenêtres s'ouvrent, les bonnets de coton se penchent au deuxième acte des Maîtres Chanteurs.

L'Harmonie Municipale dans une farce énorme, digne des "copains" de Jules Romains inaugure officiellement le couvre-feu, en sonnant à plein souffle la Marche Lorraine et la Marseillaise et en défilant impeccablement au long des artères désertes. Le cortège passe, d'autant plus bruyant que la nuit est silencieuse mais presque invisible dans le noir. Du haut des étages, on distingue à peine la blancheur des casquettes, le reflet des cuivres, la lueur boitillante et énigmatique d'une lampe de poche qui semble battre une fantaisiste mesure à deux temps."