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Octobre 1940 PDF Imprimer
Lundi, 16 Août 2010 10:07

"2 octobre 1940

Parles prononcées par notre directeur Prosper Roche 
lors de la première répétition après l'armistice

Il y a un an, presque au début de la grande tourment, nous décidions d'un élan unanime, malgré des vides sensibles, de continuer à faire vivre la société. Dans toue la région, ce genre de geste fut unique.

J'ai eu au cours de cette année écoulée, cumulé un peu les fonctions et avant de me décharger de quelques unes d'entre elles, je m'autorise de celà pour vous dire quelques mots

Le mercredi 8 mai, en pleine répétition, le lugubre signal d'alerte venait se mêler désagréablement aux harmonies que nous nous efforcions d'obtenir et nous ne tardions pas à savoir que c'était là l'annonce d'une phase plus active de la guerre. le 22 mai, avec regret, nous abandonnions provisoirement le travail, loin pourtant de penser malgré l'angoisse qui déjà nous étreignait, que nous aurions à vivre les jours tragique de juin dernier. Je ne reviendrai pas sur cette période poignante, je soulignerai seulement qu'ici même, notre vieille salle de répétitions a abrité, qui aurait pu le prévoir, les soldats allemands. Si nous avons vécu des journées de profonde inquiétude, des moments douloureux, du moins tous nos chers soldats ont été épargnés d'un destin cruel. Tous nous sont ou seront rendus et à ceux qui ont le bonheur d'être là, au milieu de leurs familles et de leurs amis, après avoir connu au hasard des circonstances une vies de misères sur tous les points de France et même à l'étranger, je dis toute la joie bien sincère de lers camarades de les revoir définitivement parmi eux.

Notre joie est grande, pourtant elle n'est pas complète, 6 excellents amis souffrent loin des leurs, loin de leur petit patrie vers laquelle certainement se tournent sans cesse leurs pensées. Qu'ils sachent ces malheureux camarades qu'ils tiennent une grande place dans nos cœurs et que nous voudrions adoucir leurs peines en les partageant, mais au moins nous ferons tout notre possible pour leur apporter un peu de réconfort matériel. Nous pensons à eux, nous pensons à leurs familles bien éprouvées et la grande famille qu'est l'Harmonie forme les voeux les plus ardents pour que les chers absents soient rendus bientôt à tous ceux qui les aiment. Permettez-moi également d'avoir une amicale pensées à l'adresse de nos chers jeunes amis qui se trouvent aux armées ou dans les camps de jeunesse.

Nous reprenons ce soir un travail qui ne fut interrompu qu'au 9ème mois de la guerre, travail couronné par un beau succès lors du concert d'avril et auquel trois de nos excellents membres permissionnaires apportèrent leur précieux concours.

La saison d'hiver sera morne, dure sans doute pour tous. Je vous demande de ne pas vous laisser prendre par le découragement. Beaucoup parmi vous sont aux prises avec la dure réalité du chômage partiel ou total. Quelquefois peut-être la tristesse vous gagnera, à ce moment-là ici même une douce compagne que vous connaissez bien : la musique, vous apportera quelque joie réconfortante. Vous aurez de l'ennui ? Venez chercher ici, au milieu de bons camarades le repos moral et l'oubli au moins momentané de vos peine.

Nous sommes dans le vrai soyez sûrs. On parle de temps nouveaux, l'éducation de la jeunesse est d'actualité. Nous, musiciens, nous pouvons avoir la fierté de revendiquer ceci " le travail, la discipline, la franche camaraderie, l'esprit d'équipe, mais il y a longtemps qu'avec le plus parfais désintéressement nous faisons une large place aux joies de l'esprit, il y longtemps que la foule, grâce à nous, bénéficie de tous ces bienfaits. Grâce aussi à notre volonté on parait enfin comprendre en haut lieu. Le problème de la musique populaire est posé devant les pouvoirs publics, que tous suivent l'exemple de notre chère Société.

Je sais que vous l'aimez cette Société dont vous êtes très fiers, je sais que vous vous réjouissez de sa rentrée. Nous faisons partie modestement, je l'avoue, du patrimoine artistique de notre malheureux pays et nous aussi nous avons à reconstruire, nous le ferons malgré les difficultés de l'heure présente et je compte sur vous chers anciens qui avez toujours donné le plus bel exemple, je compte sur vous chers jeunes dont le dévouement ne s'est jamais ralenti, pour mener à bien, tous avec la même foi, d'un même cœur, la tâche, la belle tâche qui nous attend.  Peut-être aurons-nous moins de satisfactions matérielles, moins de sortie, moins de repas amicaux, mais nous aurons la joie d'être utiles, de connaître des succès toujours plus grands et de faire obtenir à la musique populaire sa véritable place.

 

Sociétaires prisonniers : Jean Breyton, Marius Verrier, Sylvain Ferrand, Adrien Lanz, Maurice Simonin, Pierre Saint Cyr"